"8 mai 1945. ragédie dans le Constantinois, Sétif, Guelma, Kherrata..." Photographies de Abed Abidat - Vernissage mardi 7 mai 2024 à 18h30.

A l'occasion de la commémoration du 79e anniversaire des massacres du 8 mai 1945

Ouverte à partir du 7 mai 2024

Ce sont des témoignages de personnes issues de l’immigration maghrébine recueillis lors de la préparation de l’ouvrage Chibanis, chibanias, portraits d’une génération sans histoire ? qui ont marqué le photographe Abed Abidat, notamment celui d’un témoin indirect des massacres à Sétif. Abed Abidat a parcouru une partie de l’est de l’Algérie à la rencontre des témoins survivants des massacres, de ceux qui les ont vus et vécus. Il en a ramené des portraits, des témoignages. Jean-Louis Planche, historien, propose une perspective contextuelle historique des événements (rétrospective historique, chronologie des faits). Le photographe insiste aussi sur la découverte d’une Algérie du quotidien, des hommes et des femmes déambulant dans les rues, des enfants jouant sur des terrains vagues, un paysage aride encore bousculé par le souvenir. 

Le 8 mai 1945. Dans un esprit de fête de la victoire des alliés contre le nazisme, une manifestation pacifique et citoyenne, organisée par les Algériens avec l’accord des autorités coloniales dans la ville de Sétif, puis à Guelma, dans l’est de l’Algérie, tourne au drame. À Sétif, un policier qui voulait enlever le drapeau algérien figurant parmi les drapeaux  alliés, tire sur un jeune scout. C’est le début d’une répression sanglante dans le Constantinois. Les zones de Sétif, celles de Kherrata et celles de Guelma sont concernées. La folie meurtrière déclenchée par l’armée française et la milice des colons contre la révolte des nationalistes algériens va prendre des proportions considérables, et durer plusieurs semaines. Il y aura parmi les Européens une centaine de morts et autant de blessés. Le nombre de victimes autochtones est jusqu’à aujourd’hui objet de débat. Les historiens parlent de 18 000 à 45 000 victimes...

Dès lors, la tension entre Algériens et colons n’a cessé de croître et le rêve d’une vie commune s’est progressivement dissipé. Certains historiens estiment que c’est à cette date qu’a germé la guerre d’Algérie. En 2005, c’est la première fois que la France parle d’un massacre lors du discours de l’ambassade de France face aux étudiants de l’université de Sétif, soit 60 ans plus tard. «…Les massacres à Sétif et dans les environs constituent une période douloureuse pour les deux communautés.

L’une sous-estime l’ampleur des dégâts physiques et moraux sur les témoins et survivants, et l’autre demande à minima une reconnaissance de ces massacres désirant tourner la page…»  

Ces événements sont une histoire méconnue, peu médiatisée et seuls quelques ouvrages ou reportages leur sont consacrés.Cette année nous fêtons les 79 ans de cette histoire. Ce projet a été réalisé en 2010.

Extraits du texte de Jean-Louis Planche