Projection de Héliopolis, un film de Djaffar Gacem - Mercredi 6 et jeudi 7 juillet 2022 à 20h

Dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance nationale

Débats avec le réalisateur et ses invités

D'une durée de 116 mn, Héliopolis est un drame historique de l'Algérie des années 1940 qui retrace les événements tragiques et sanglants de 8 mai 1945 à Guelma, Sétif, Kherrata… Un film qui met en lumières les divergences de vues existantes dans la société d'antan, à travers Mokdad Zenati, fils de "Gaïd" assimilationniste, propriétaire de terres agricoles dans la bourgade d'Héliopolis à Guelma (Est algérien), et Mahfoud, son fils, aux idées anticolonialistes et indépendantistes, prônées par le courant politique des "Amis du manifeste de la liberté" (AML) de Ferhat Abbas auquel il se joint, consommant ainsi la rupture avec son père.

C’est à Héliopolis, village colonial bâti sur des terres fécondes de l’Est, que vivent les Zenati, dans leur grand domaine familial. Si Mokdad élève ses enfants, Mahfoud et Nedjma, entre valeurs musulmanes et occidentales, rêvant de les voir jouer leur rôle dans une « Algérie française », à laquelle il croit. Mais voilà qu’une deuxième Guerre mondiale éclate et perturbe cet équilibre bien précaire, levant doucement le voile sur une « Algérie plus complexe ». En effet, la déroute de la France face à l'Allemagne change le rapport de forces en Algérie. Le mouvement national algérien, jusque-là timide et affaibli, gagne en puissance et se met à appeler à de grands changements. Face à lui, le grand colonat et le gouvernement tentent de ralentir son évolution par tous les moyens. Entre les deux, le peuple. Des « musulmans » qui commencent à espérer des lendemains meilleurs et des « petits colons » effrayés à l'idée de perdre leurs privilèges.La situation se tend et se complique et cette tension atteint aussi les Zenati. C'est ainsi que Mahfoud, l'aîné et universitaire à Alger, devient sensible au discours d'un certain Ferhat Abbas, meneur du combat politique pour l'abolition du Code de l'Indigénat et pour l'égalité pour tous. Tandis que Nedjma, qui lutte contre les paradoxes liés à sa double éducation musulmane et française, découvre progressivement à travers son frère aussi à travers l’homme qu’elle aime – Bachir -, une Algérie beaucoup plus complexe que celle dépeinte par son père. Mais elle continuera à croire longtemps à l'utopie d'une Algérie pour tous. Leur père, Si Mokdad, se retrouve lui entre deux feux, sollicité constamment pour prendre parti. Surpris, il choisit l’immobilisme. Ce sera alors le choix de son propre enfant qui l’obligera à se joindre à l’Histoire. Il devient ainsi, malgré lui, le témoin intime de la genèse d'un massacre qu'il ne pourra pas empêcher.