Rencontre littéraire avec Meriem Guemache autour de son roman "Un jour tu comprendras", une biographie romancée de Fadhma Aïth Mansour Amrouche (Ed: Casbah Editions, 2019) - Mercredi 4 mars 2020 à 18h30

Après "La demoiselle du métro', Meriem Guemache remet le couvert en offrant à ses lecteurs une nouvelle oeuvre. Il s'agit d'un roman dédié à Fadhma Aïth Mansour Amrouche (1882-1967). « Un jour tu comprendras » relate, sous une forme romancée, les principales étapes du parcours tumultueux, dramatique et chargé d’émotion de Fadhma Aïth Mansour. Il se veut un hommage à la femme et à la mère qui a su, au prix d’un courage et d’une combattivité admirables, faire face aux épreuves et obstacles que la vie ne lui a pas ménagés. Un hommage également à l’écrivaine et poétesse kabyle qu’elle était, dont le message, empli de leçons de sagesse et d’enseignements puisés dans le fonds culturel ancestral mérite d’être sauvegardé.

C'est la première fois qu'un auteur algérien consacre une biographie romancée à l' écrivaine et poète kabyle. Une femme courageuse qui a dû affronter de grands malheurs tout au long de sa vie. La vie de Fadhma Aïth Mansour Amrouche a été tourmentée. Sa venue au monde en 1882 a dressé contre elle une société impitoyable qui lui a fait prendre le chemin des orphelinats et de pensions chrétiennes de Kabylie. Tout au long de sa vie, elle a fait preuve de courage et de ténacité. En plus d’une enfance dévastée, elle a connu l’exil, la misère, le rejet et les deuils successifs. La mort lui a arraché cinq de ses fils. Ces épreuves douloureuses lui ont inspiré une poésie bouleversante. Fadhma Aïth Mansour Amrouche a évolué entre deux cultures : kabyle et française. De sa mère, elle a hérité une pléiade de proverbes, berceuses, contes et chants kabyles. Un legs ancestral qu’elle a à son tour transmis à ses enfants, Jean El Mouhoub et Marguerite Taos Amrouche.En août 1946, âgée de 54 ans et vivant en exil à Radés (Tunis), avec son mari Belkacem Antoine, elle décide d’écrire sa biographie, encouragée par Jean El Mouhoub, son fils. Elle y raconte son chemin de vie, sans tabou, y décrit les humiliations induites par sa naissance illégitime, sa conversion à la religion chrétienne, son combat pour s’imposer en tant que femme dans une société archaïque, impitoyable, conservatrice et machiste. Son mari s’étant opposé de son vivant à la publication de ce livre, le manuscrit est resté dans le tiroir.

Alitée en 1967 à l’hôpital de Saint-Brice-en Coglès, en Bretagne, Fadhma Aïth Mansour Amrouche est à l’article de la mort. Celle qui s’est toujours considérée comme une éternelle exilée, apprend, juste avant de mourir, que sa biographie intitulée « Histoire de ma vie » sera publiée aux Editions Maspero et qu’elle sera préfacée par Kateb Yacine. « Histoire de ma vie » est publié à titre posthume en 1968 dans la collection  Domaine Maghrébin  des Editions François Maspero. Les préfaces sont de Vincent Monteil et Kateb Yacine. Dans l’introduction, le célèbre auteur de ‘Nedjma’ écrit : « Pour ma part, en signant cette introduction, j’ai tenu à être présent au grand évènement que constitue pour nous la parution d’un tel livre. Il s’agit d’un défi aux bouches cousues : c’est la première fois qu’une femme d’Algérie ose écrire ce qu’elle a vécu, sans fausse pudeur, et sans détour. Du plus profond de sa tombe d’exil, en terre bretonne, Fadhma semble nous dire « Algériennes, Algériens, témoignez pour vous-mêmes ! N’acceptez plus d’être des objets, prenez vous-mêmes la plume, avant qu’on se saisisse de votre propre drame, pour le tourner contre vous ! ». Décédée le 9 juillet 1967, Fadhma Aïth Mansour repose dans un cimetière de la commune de Baillé, en Bretagne.

Née à Alger, Meriem Guemache a sui des études de lettres anglaises à l'Université d'Alger. En 1989, elle intègre la Chaîne III de la Radio algérienne où elle produit et anime des émissions culturelles et de divertissement. En parralèle, elle collabore en tant que journaliste dans plusieurs titres de la presse écrite. Son premier livre destiné aux enfants, "Lotfi à la Casbah d'Alger" paraît en 2017 chez Casbah Editions où elle publie également "Lotfi au palais de Khedaoudj El Amia (2018) et "Lotfi au Mausolée Royal de Maurétanie" (2019). Passionnée de lecture, elle signe en 2018 un recueil de nouvelles, "La demoiselle du métro".