Marc et Martin GARANGER, d’une Algérie à l’autre. Une mémoire en héritage - Vernissage vendredi 18 mars à 18h30

Exposition du 18 mars au 23 avril

Une exposition en triptyque où sous le regard et l’objectif de Martin Garanger, sont immortalisées les ultimes retrouvailles de son père Marc avec celles et ceux dont il avait fait les portraits, terribles et sublimes, en 1960. En 1960, mon père le photographe Marc Garanger avait 25 ans. Déjà photographe professionnel, il était sursitaire et espérait échapper à la Guerre en Algérie. Il n’a pas pu y échapper et il a fait son service militaire pendant 2 ans en Algérie à Aïn Terzine. Il a été démobilisé quelques mois avant l’indépendance de l’Algérie en 1962.

L’armée française rasait les maisons des villageois et les forçait à les reconstruire alignées à la Vauban autour des camps militaires français. L’armée française avait ainsi créé des camps de regroupement. L’Etat français voulait donner une pièce d’identité aux gens. Mon père a reçu l’ordre de faire des portraits. Il a principalement photographié des femmes, vu que les hommes étaient soit dans le maquis, soit harkis.

Mon père a obtenu en 1966 le prix Nièpce avec les portraits de Femmes Algériennes. Les tirages de ces portraits ont été exposés plus de 300 fois dans le monde entier. Il a publié pour la première fois en 1982 le livre Femmes Algériennes, 1960. Le livre a été republié à deux reprises, en 1989 et en 2002. Nombre de tirages de ces portraits ont intégré des collections privées ou publiques à travers le monde.

En 2004, Sylvain Cypel, rédacteur en chef au Monde, a demandé à mon père de retourner en Algérie retrouver des gens et des lieux qu’il avait photographiés pendant la guerre pour faire la Une du numéro du 1er novembre 2004, 50ème anniversaire du début des hostilités en Algérie. Avec ces images, et celles de 1960, ils ont fait ensemble un livre en 2007 : Marc Garanger, Retour en Algérie.

En mai 2013, le réalisateur algérien Saïd Oulmi a invité mon père à l’accompagner au Mezdour et à Aïn Terzine refaire le même type de voyage qu’en 2004 pour l’interviewer dans le cadre de son film « Sur les traces des camps de regroupement ». Mon père m’a alors proposé de l’accompagner. Avec cette invitation, il m’a ainsi permis de me rapprocher de son histoire, et, au combien elle était mystérieuse pour moi ! Lors de ce premier voyage en Algérie avec mon père, J’ai pu rencontrer trois des Femmes Algériennes.

Martin Garanger