Soirée-hommage à Mohamed BOUDIA - Vendredi 23 juin 2023 à 18h30h
Il y a 50 ans, le 28 juin 1973, Mohamed Boudia était assassiné, rue des Fossés Saint-Bernard Paris. Un hommage lui est rendu au cours d’une soirée qui donnera lieu à :
- Une projection de Sur les traces de Mohamed Boudia (52 mn), un documentaire de Mohamed Zaoui et Smaïl Déchir. Illustrations de l’artiste peintre Mustapha Sedjal ;
- Une présentation d’une séquence (5 mn) du documentaire Français, si vous saviez avec Mohamed Boudia ;
- Des lectures d’un poème de Mohamed Boudia et d’un poème-hommage de Lise Medinipa Jennifer Pandovzki ;
- Un débat autour du livre Mohamed Boudia. Œuvrer, écrits politiques, théâtre, poésie et nouvelles
Avec la participation de :
Nils Andersson, éditeur et militant anticolonialiste
Luc Chauvin, éditeur du livre Mohamed Boudia. Œuvre, écrits politiques, théâtre, poésie et nouvelles
Rachid Boudia, fils de Mohamed Boudia
Mohamed Zaoui et Smaïl Déchir, coréalisateur de Sur les traces de Mohamed Boudia
Il y a 50 ans, le 28 juin 1973, Mohamed Boudia était assassiné rue des Fossés Saint-Bernard par le Mossad.
Mohamed avait un long passé militant ; enfant de la Casbah d'Alger, il rejoint le FLN dès le début de la lutte de libération. Membre de l’OS, il est du commando ayant réalisé l’opération de Mourepiane (France), lors de laquelle furent incendiés des dépôts de pétrole ; il faudra plusieurs jours pour circonscrire l’incendie. Arrêté, avec quatorze frères, il est déféré en janvier 1960 devant le tribunal de Marseille. Lors du procès Mohamed, défense de rupture, crée un incident. Le nom de Me Ould Aoudia, assassiné devant la porte de son cabinet par la Main Rouge, ayant été cité en audience, il interpelle le tribunal : « Puisqu’il est question de Me Ould Aoudia, je demande à toute l'assistance d’observer une minute de silence à sa mémoire. » Tous les accusés revendiquent leur engagement pour la cause nationale et leurs actes. Au terme du procès, Mohamed Boudia est condamné à vingt ans de prison. Il connaîtra plusieurs prisons : les Baumettes, Fresne, la Santé, puis celle d’Angers, d’où il s’évade.
Boule de vie, homme d’action, mais aussi homme de création. L’écriture et le théâtre sont indissociables de son engagement. En prison, il écrit deux pièces de théâtre, Naissance et L’Olivier. L’Olivier sera joué dans l’enceinte de la prison de Fresnes. Comme homme de théâtre, Mohamed s’inscrit totalement dans les débats d’alors sur la fonction populaire du théâtre et sur le rôle émancipateur du texte, dont Jean Vilar et le TNP sont porteurs, mais aussi, il adhère à la vision du théâtre de Bertold Brecht, comme instrument d’une prise de conscience politique,
L’Algérie indépendante, Mohamed Boudia est nommé administrateur du Théâtre National Populaire Algérien ; il fonde la revue Novembre, participe à créer Alger ce soir. Dans sa très belle introduction au livre Mohamed Boudia : Œuvres, Luc Chauvin écrit : « Entre ‘‘naissance d’une Nation’’, la mise en place d’une politique qui se veut révolutionnaire et populaire et l’engouement national et international qui brasse un nombre impressionnant d’individualités dans les rues rebaptisées au nom des martyrs fraichement tombés », Mohamed Boudia s’engage, s’exprime et agit sur tous les terrains politiques et culturels.
Et, dans cette continuité que Mohamed, militant prêt au sacrifice de sa vie pour l’indépendance de son pays, devient militant internationaliste prêt au sacrifice de sa vie pour l’indépendance du peuple palestinien. Son action s’inscrit dans une logique décoloniale révolutionnaire, celle de la devise de l’OS de l’ANC, fondée par Nelson Mandela, Umkhonto we Sizwe : « Œil pour œil, dent pour dent, mort pour mort. » Mohamed se savait recherché, son expérience de la clandestinité était grande, les moyens du Mossad et les complicités du colonialisme étaient plus forts.
Comme militant et comme homme de culture, Mohamed Boudia incarne les espoirs et les volontés des peuple colonisés, ce qu’il exprime dans ce poème : Il faudra longtemps :
« Longtemps encore
et tout ce
Qui brise
Qui brûle
Animeront nos
Muscles
Avides de
Serrer l’amour
Une fois pour toutes. »
Par Nils Andersson