Rencontre avec l'écrivain Waciny Laredj autour de son Œuvre littéraire et l'apport de la traduction - Une pensée à son traducteur feu Marcel Bois (1925-2018) - Jeudi 02 mai 2019 à 18h30
Avec la participation de
Catherine Charruau: Traductrice
Lahouari Ghazzali: Poète, traducteur et Maître de Conférences à Paris 8 Vincennes.
Né en août 1954 dan le petit village de Boudjenane près de Tlemcen, Waciny Laredj est d'emblée projeté dans l'Histoire, celle de la guerre d'indépendance de l'Algérie à laquelle, son père prendra part et pour laquelle il mourra en martyr sous la torture. Dans le giron de sa grand-mère Hanna Fatna, l'enfant Waciny se gavera d'histoires dont le héros est un aïeul andalou contraint, un beau jour, de s'exiler de l'autre côté de la Méditerranée. A ces histoires largement imaginées par sa grand-mère se mêleront celles des Mille et Une Nuits dont l'enfant volera un volume dans la salle de récitation de l'école coranique, doublées à leur tour par les lectures du Coran mais aussi d'ouvrages proposés par l'école publique française qu'il fréquente.
L'imaginaire est ce lieu hors les frontières où Waciny puisera pour ses romans inspirés quant à eux de l'Histoire d'hier et d'aujourd'hui et des héritages dont il poursuit la trace à l'instar de sa grand-mère bien aimée. L'œuvre de Waciny Laredj est prolixe, la traduction d'un grand nombre de ses romans en diverses langues - citons ici Fleurs d'amandier, Les balcons de la mer du nord, Le livre de l'Emir, La maison andalouse, Les doigts de Lolita - a permis à ce dernier d'ouvrir un dialogue fructueux non seulement avec ses traducteurs mais également avec la langue arabe traversée comme lui-même par des héritages espagnol, français, portugais, berbère dont il aime à explorer les racines. Un dialogue dont cette soirée se fera l'écho./ Par Catherine Charruau
Marcel Bois est né le 7 avril 1925 à Saint-Martin-La-Porte, petite paroisse du diocèse de Maurienne (en Savoie). En 1961 il arrive à Alger, avec la charge de s’occuper de la revue de presse « Maghreb-Proche-Orient ». Arrivé le 1 er juillet, il évoquait parfois le contexte très dur de cette période, dont il rappelait qu’elle fut « marquée par les exactions de l’OAS ». Il poursuivra ses études de lettres arabes à l’université d’Alger jusqu’en 1968, et soutiendra sa licence à Alger et Aix En Provence. Entré dans la carrière d’enseignant en 1962 à l’invitation d’un proviseur du lycée Ben Aknoun qui cherchait des enseignants pour les examens du bac, alors que l’activité scolaire était paralysée, il devint donc à nouveau professeur. En 1963, il enseigne la traduction au lycée Amara Rachid, avant de devenir professeur à plein temps au Lycée El-Mokrani d’Alger, de 1969 à 1985, où il assurait le cours de français. Avec son ami Benhedouga, il donnera des conférences à Annecy en France, où encore à l’université de Louvain en Belgique. Le rapprochement des peuples et des culture, l’effort intellectuel et la construction de la paix étaient pour lui une passion qui le faisait vivre. Une grande part de la vie de Marcel Bois fut consacrée aux lettres arabes, et en particulier à la traduction d’ouvrages très nombreux de l’arabe au français. Ce furent les œuvres d’auteurs algériens : Benhedouga, Tahar Ouettar, Brahim Saadi, Waciny Laredj, entre autres. "C’est l’inculture qui est un mal absolu", disait-il. Interrogé sur son choix de demeurer en Algérie lors des années difficiles où le danger était permanent, il se contenta de répondre « Il était malvenu de partir. C’était presque naturel de rester malgré tous les périls. Et puis ce serait indécent de quitter un pays qui m’a accueilli à bras ouverts et où je vis pleinement depuis un demi-siècle (…) Rester c’est mourir un peu, partir c’est mourir beaucoup, je préfère rester et mourir un peu ». Marcel Bois est décédé le 5 juin 2018 à Alger. Il sera inhumé au cimetière de Belfort dans ce diocèse, en cette terre d’Algérie devenue la sienne, où il comptait un grand nombre d’amis. /Père Hilaire